L'espérance en Marie... (X)
Là nous voyons de nouveau la très grande passivité que l’Esprit Saint réclame. Il a réalisé le corps de Jésus en Marie dans le mystère du
premier Avent, et c’est sous cette action de l’Esprit Saint que Marie a été « le moule de Dieu ». A partir de la Résurrection et à travers le mystère de l’Eucharistie, l’Esprit Saint
réalise, si j’ose dire, une œuvre inverse, mais qui en réalité n’est pas inverse, qui est comme la réplique merveilleuse de Dieu : il faut que tout en Marie soit transformé pour être dans
l’unité avec Jésus, et que cette unité substantielle aille toujours plus loin, ceci se réalisant dans la pauvreté. Il s’agit pour Marie d’être transformée totalement dans le Christ, en laissant
l’Esprit Saint se servir de l’Eucharistie comme d’un instrument divin ; l’Esprit Saint se sert de l’Eucharistie pour transformer tout en Marie, faire que tout en elle soit pris, saisi, par
Jésus glorifié, que le cœur de Jésus donné dans l’Eucharistie agisse sur le cœur de Marie d’une manière telle que le cœur de Marie ne soit plus qu’un avec Jésus, c'est-à-dire qu’il
disparaisse pour qu’il n’y ait plus que Jésus ; qu’il soit toujours le cœur de Marie, mais qu’il soit tellement saisi par le cœur du Christ que ce ne soit plus elle mais Jésus –
« ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi ». Cela, Marie l’a vécu, par l’Eucharistie, d’une manière encore bien plus forte que saint Paul, pour être tout entière
tournée vers Jésus. Cela exige d’elle une pauvreté divine nouvelle, celle que réclame l’Eucharistie. Nous disons souvent que l’Eucharistie est le sacrement des pauvres, et c’est vrai, l’Eglise
des pauvres, si on comprend bien cette expression, c’est l’Eglise de l’Eucharistie, et donc quand on parle de l’Eglise des pauvres cela veut dire que le Saint-Esprit veut que le mystère de
l’Eucharistie soit plus vécu que jamais et que nous comprenions que, comme des pauvres, nous devons dépendre totalement de ce pain qui nous est donné. Le propre des pauvres, c’est d’accepter le
pain ; celui qui n’est pas vraiment pauvre n’accepte pas le pain, il veut autre chose, tandis que les vrais pauvres acceptent le pain ; et quand Dieu se donne comme pain, quand Jésus se
donne comme pain, c’est pour nous demander cette pauvreté radicale du mendiant : celui qui sait qu’il n’a rien à lui et ne gardera rien pour lui, qui sera uniquement celui qui vivra selon le
rythme même du cœur de Jésus. Voilà la signification de la pauvreté du symbolisme de l’Eucharistie ; ce symbolisme est là pour nous faire comprendre la caractère propre de la pauvreté des
mendiants, de ceux qui sont tout entiers relatifs à ce pain donné gratuitement et en surabondance, à ce pain divin qui doit être tout pour nous et dont nous devons vivre dans le silence de
Dieu.
MD Philippe, Marie et le mystère de l’espérance