Il faut que la nuit s'épaississe, pour que les étoiles apparaissent !
Lorsque l’on gratte la façade que chacun affiche de soi-même, le constat est décapant : il y a notre personne apparente, qui joue son rôle d’aller bien et il y a l’enfant intérieur, écrasé par des exigences tyrannisantes. Cet enfant se voit dans ce monde qui crève la bouche ouverte : essayant de ne pas être englouti par le diktat du volontarisme ambiant, il se dope d’excès de biens matériels, d’overdose d’affectivité et d’hyper-connexion.
Parce que nous refusons de reconnaitre que nous ne sommes rien -ou pure gratuité- nous nous réduisons à ces excès bruyant de déterminations, ces rôles qui nous donnent une petite supériorité, ou faisons -par exemple- de la foi, une «quasi-évidence» qu’on doit matériellement annoncer comme ‘normale’, claire et certifiée conforme.
Et, on essaie de se rassurer par un narcissisme qui se révèle être un des vices les plus exaspérants aujourd’hui : la bonne conscience. Nous sommes tellement contents de nous. Tellement satisfait !
Qui d’entre-nous ne fait pas tout pour cacher sa pauvreté existentielle, son manque abyssal de lumière ? Or, refuser nos états natifs d’intranquilité revient à organiser un désespoir qui pollue le monde : « tu dois, y’a qu’à, faut qu’on » ! Car il nous est insupportable d’être existentiellement comme jeté dans ce monde ! Et nous refusons la vérité de notre personne : un être en état radical d’impuissance, d’incontrôle et pur mendiant.
Ces quêtes intempestives de résultats, ces courses à l’efficacité, obstruent et empêchent toutes possibilités pour la vrai Lumière, le vrai sens de nos jours, de jaillir de nos nuits et nous faire entrer dans autre chose que nous-mêmes.
Quel est le témoignage que le monde attend ? Celui de gens qui « savent », rassurés et rassasiés, réduisant le mystère humain à des schémas à accomplir et qui ne transmettent en fait qu’eux-mêmes, ou de personnes qui vont jusqu’au bout de la reconnaissance de leur néant, d’êtres perdus, mais laissant alors jaillir malgré eux une Lumière qui les dépasse ?
Quand on est vraiment perdu, on ne sait plus ce qu’on attend… là seulement, on peut se laisser trouver, par Celui qui, désespérément, nous cherche dans cette vie impossible.
Grégoire.