La foi est la pire des tyrannies, sans cette mendicité constante de l'intelligence !
Paul IV n’hésitait pas à dire que le fidéisme était le plus grand danger actuel de la théologie catholique. Je l’ai entendu de mes propres oreilles cela, dans une petite audience à des théologiens : il avait parfaitement raison. Nous sommes tous un peu fidéistes; et peu à peu j’espère que le fidéisme diminue et que l’homme religieux contemplatif augmente, et qu’on acquiert progressivement une certaine contemplation naturelle, humaine. Ne disons pas que c’est facultatif : non, pas du tout. Ce n’est pas facultatif, c’est nécessaire au chrétien, si vous êtes chrétien jusqu’au bout, puisqu’on sait que le fidéisme est condamné par l’Eglise. Alors, on n’a pas le droit de dire : « Oh, cela n’a pas d’importance, c’est secondaire ». Tout dépend. Quelqu’un, qui ne peut pas du tout faire de philosophie, qui ne peut pas du tout comprendre ce que c’est que cette contemplation naturelle, c’est sûr, Dieu suppléera. Mais, quelqu’un qui le peut… C’est pour cela que quelqu’un comme Marthe Robin, qui avait un sens très étonnant du réalisme, comprenait cela très bien. Et elle comprenait la nécessité d’une métaphysique, d’une philosophie première, qui conduit à la contemplation. Elle le comprenait très bien, à un point invraisemblable : cela m’a toujours renversé de voir comment elle comprenait cela, alors que des quantités de théologiens ne comprennent plus. A cause de son réalisme divin, elle comprenait cela. Vous voyez, quelqu’un qui ne comprend pas cela, je dirai : il y a un réalisme divin qu’il n’a pas atteint. Et donc, je mets très en doute le caractère véridique de sa théologie, puisqu’il y a une erreur radicale, le fidéisme, au point de départ. Quand il y a une erreur fondamentale, cela se répercute sur tout le reste…
MDP, 01.07.92