Où prétends-tu trouver délivrance ?
Quitte ton chapelet, laisse ton chant, tes psalmodies ! Qui crois- tu honorer dans ce sombre coin solitaire d’un temple dont toutes les portes sont fermées ? Ouvre les yeux et vois que ton Dieu n’est pas devant toi ;
Il est là où le laboureur laboure le sol dur ; et au bord du sentier où peine le casseur de pierres. Il est avec eux au soleil et dans l’averse ; son vêtement est couvert de poussière. Dépouille ton manteau pieux ; pareil à Lui, descends aussi dans la poussière !
Délivrance ! Où prétends-tu trouver délivrance ? Notre Maître ne s’est-il pas joyeusement chargé lui-même des liens de la création ? Il s’est attaché avec nous pour toujours.
Sors de tes méditations et laisse de côté tes fleurs et ton encens ! Tes vêtements se déchirent et se souillent, qu’importe ! Va le rejoindre et tiens-toi près de lui dans le labeur et la sueur de ton front.
Rabindranath Tagore, L’offrande lyrique