Voix off
Ne le crains pas
le vide
ne le supprime pas
me dit la voix
-et s’il ouvrait les apparences ?
Ne veuille pas combler le manque
ni affranchir
toute distance
-si porter les stigmates
de l’absence creusait le pur désir ?-
Le peu, ne le méprise pas
considère l’insignifiant
-si passait la gloire dans les jours gris
l’illimité
dans l’ordinaire des petites heures ?-
La page détachée, la phrase
inachevée, la toile
restée sur le chevalet- tout est là
me dit la voix
dans la sève invisible de toute croissance-
Gilles Baudry, Le bruissement des arbres dans les pages
« Je rêve d’une poésie à l’usage de l’homme. Je rêve d’un chant qui pourrait être repris par tout un peuple. Je rêve de ces mots très simples, très lisses, qui étaient ceux des premiers hommes qui, eux, n’avaient besoin de rien d’autre pour glorifier la vie que d’eau de pain, de lait et de lumière. »